Pour poursuivre La Discute avec Celia Izoard, on vous recommande la lecture de ces textes sélectionnés par Celia en amont de la rencontre :
ASSOCIATION LES AMI-E-S DE CLARK KENT (éd.), 2018. Revue Z. n°12. Guyanne Trésors et conquêtes. Montreuil : la Parole Errante. ISBN 978-2-7489-0381-2.
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« Trésors et conquêtes », rédigé depuis la Guyane, nous embarque au cœur de l’industrie la plus polluante du monde : les mines. On y parle luttes anticoloniales et amérindiennes, critique de l’aérospatiale avec une visite de Kourou, « port spatial de l’Europe » et retour sur le mouvement social massif de 2017. 230 pages d’enquêtes et de témoignages illustrés avec soin pour interroger aussi l’idéologie occidentale du développement, ses promesses, ses impasses et la possibilité de s’en libérer.
Méga-mines / Dissidences amérindiennes / Eldorados / Amazone à défendre Ingénieur·es en révolte / Échappées marronnes / Fuck the moon
BEDNIK, Anna, 2016. Extractivisme : exploitation industrielle de la nature : logiques, conséquences, résistances. Neuvy-en-Champagne : le Passager clandestin. ISBN 978-2-36935-044-6.
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« L’intensification de l’exploitation massive de la nature, sous toutes ses formes. Sous cette définition générique, l’extractivisme désigne un stade superlatif, obsessionnel voire idéologique de l’activité d’extraction, par analogie avec le «productivisme» et le «consumérisme» auxquels il est d’ailleurs étroitement lié : c’est pour fournir, chaque année, plus de 70 milliards de tonnes de «ressources naturelles» diverses aux chaînes de production et de consommation de marchandises que les frontières extractives, c’est-à-dire les limites géographiques et technologiques de cette activité sur la planète, sont sans cesse repoussées par le capitalisme industriel. C’est à cet envers trop souvent occulté de la «croissance» économique qu’est consacré ce livre. L’auteure commence par retracer les différents usages de la notion, les représentations du monde qu’elle recouvre – elles-mêmes structurées par ces «croyances» occidentales que sont les idées de «progrès universel de l’humanité» et de «développement» -, et les fausses solutions qui servent désormais de caution aux pratiques qui en découlent (le «développement durable», la «croissance verte», la «dématérialisation»…). En une plongée vertigineuse au cœur de la «planète-marchandise», elle procède ensuite à l’étude documentée des logiques de l’extractivisme : qu’extrait-on ? Où et comment le fait-on ? Qui extrait ? Avec quels objectifs, quels discours de légitimation, quelles conséquences réelles et quelles perspectives pour l’avenir ? Au Sud, mais également au Nord – comme le montre l’exemple des gaz et huiles de schiste -, partout l’extractivisme est synonyme de transformation de vastes territoires en «zones de sacrifices» destinées à alimenter la mégamachine. Il est ainsi devenu le nom de l’adversaire commun pour de multiples résistances collectives et locales qui, tout en défendant des espaces pour être, réinventent des façons d’habiter la Terre. Ce sont aussi les raisons, les formes et la portée de ces résistances que restitue cet ouvrage essentiel. «
BIHOUIX, Philippe, 2014. L’âge des low tech : vers une civilisation techniquement soutenable. Paris : Éditions du Seuil. ISBN 978-2-02-116072-7.
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« Face aux signaux alarmants de la crise globale – croissance en berne, tensions sur l’énergie et les matières premières, effondrement de la biodiversité, dégradation et destruction des sols, changement climatique et pollution généralisée – on cherche à nous rassurer. Les technologies « vertes » seraient sur le point de sauver la planète et la croissance grâce à une quatrième révolution industrielle, celle des énergies renouvelables, des réseaux intelligents, de l’économie circulaire, des nano-bio-technologies et des imprimantes 3D. Plus consommatrices de ressources rares, plus difficiles à recycler, trop complexes, ces nouvelles technologies tant vantées nous conduisent pourtant dans l’impasse. Ce livre démonte un à un les mirages des innovations high tech, et propose de prendre le contre-pied de la course en avant technologique en se tournant vers les low tech, les « basses technologies ». Il ne s’agit pas de revenir à la bougie, mais de conserver un niveau de confort et de civilisation agréables tout en évitant les chocs des pénuries à venir. S’il met à bas nos dernières illusions, c’est pour mieux explorer les voies possibles vers un système économique et industriel soutenable dans une planète finie. »
BRIER, Mathieu et DESQUESNES, Naïké, 2018. Mauvaises mines : combattre l’industrie minière en France et dans le monde. Marseille : Agone. ISBN 978-2-7489-0362-1.
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Argent dans la Sarthe, antimoine en Vendée, or dans la Creuse, tungstène en Ariège… le sous-sol français recèlerait bien des trésors. Depuis quelques années, de nombreux permis exclusifs de recherche (PER) sont octroyés à quelques aventuriers de l’industrie minière. Objectif affiché : fournir en métaux le monde de demain, ses grands projets d’infrastructures, son marché de l’armement, sa « croissance verte » faite d’une multitude d objets high-tech, de voitures électriques et de parcs éoliens. Non sans humour, les huit courts chapitres de cet ouvrage documenté dévoilent les menaces du « renouveau minier » français, les pollutions qu’il implique, ses faux-semblants écologiques et ses tentatives d’échapper au débat public. Du Pays basque à la Bretagne en passant par la Guyane, les résistances et les propositions d’alternatives se multiplient. Ce livre est un appel à les rejoindre.
CARNINO, Guillaume et MARQUET, Clément, 2018. Les datacenters enfoncent le cloud : enjeux politiques et impacts environnementaux d’internet. ÉDITIONS DU CROQUANT (éd.), Zilsel. 13 février 2018. Vol. N° 3, n° 1, pp. 19‑62. DOI 10.3917/zil.003.0019.
« Je suis une citoyenne de La Courneuve. La Courneuve est une ville qui compte 37 000 habitants et je vous le dis car, pour moi, c’est un chiffre important. Dans ma rue s’est installé un datacenter qui consomme l’équivalent d’une ville de 50 000 habitants. Comme tout citoyen lambda j’ai cherché à en savoir plus, parce que je ne savais pas ce qu’était un datacenter. Je sais que dans le PLU [Plan Local d’Urbanisme] on avait prévu qu’on allait éviter de faire des villes du 93 qui ne reçoivent que des entrepôts, parce qu’ils n’apportent pas d’emplois de qualité pour la population. Et en fait un datacenter c’est exactement ce qu’on faisait avant, c’est-à-dire un hangar truffé de matériel informatique, numérique, et qui a besoin de climatiseurs dévoreurs d’énergie. Je vous l’ai dit, 50 000 habitants. En plus, cette entreprise stocke du matériel qui risque d’exploser – 280 000 litres [de fuel] à dix mètres de nos maisons – et cela on nous l’a instauré sans aucune concertation. […] Voilà, donc je suis venue avec ma voisine, nous, des citoyennes lambda, des mères de famille, on se préoccupe à notre âge, c’est-à-dire 50 ans passés, de savoir qu’est-ce qu’un datacenter, pourquoi il y en a cinq déjà dans la région Île-de-France, et si chacun consomme autant d’énergie, mais où va-t-on ? » Cette intervention de Joanna lors d’une conférence consacrée à la « ville intelligente », dans un univers où l’on entend généralement parler de cloud, de « dématérialisation », d’open ou de big data, a quelque chose de saisissant…
GROUPE MARCUSE, 2019. La liberté dans le coma : essai sur l’identification électronique et les motifs de s’y opposer. Paris : La lenteur. ISBN 979-10-95432-16-6.
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Ce que nous avons tenté de démontrer dans ce livre, c’est qu’Internet n’est pas – ne peut pas être – un outil convivial. Nous ne pensons même pas qu’il s’agisse d’un outil, d’ailleurs : c’est un système, une mégamachine qui structure, quadrille, organise nos vies dans le sens d’une hétéronomie accrue – une addiction à plus d’électricité, plus de métaux rares, plus de temps passé devant un écran plutôt qu’en contact physique avec nos semblables… Nous ne voulons pas défendre « les droits de l’Homme dans la société numérique », nous voulons défendre la condition humaine qui est menacée par la société numérique. Nous pensons que la défense de la liberté et de l’égalité implique de réduire massivement notre usage des artefacts numériques, et de recréer un monde où l’on puisse s’en passer. Cette position relève apparemment du tabou aujourd’hui, et ceci jusque dans la plupart des cercles se présentant comme anticapitalistes, révolutionnaires, ou « en lutte contre toutes les formes de domination ». Groupe Marcuse, Mouvement autonome de réflexion critique à l’usage des survivants de l’économie.
IZOARD, Celia, 2010. L’informatisation, entre résignation et mises à feu. In : Les luddites en France : résistance à l’industrialisation et à l’informatisation. Montreuil : l’Échappée. pp. 251‑286. ISBN 978-2-915830-30-9.
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Alors que la révolution industrielle s’apprête à bouleverser tous les rapports sociaux, bris de machines, incendies et émeutes se multiplient dans les manufactures. Des artisans refusent de faire le deuil de leurs savoir-faire et de migrer vers les villes. Ils déclarent la guerre aux « machines préjudiciables à la communauté » qu’ils détruisent à coups de masse. Si les luddites anglais sont passés à la postérité, leurs homologues français briseurs de machines – « primitifs » selon les uns, « réactionnaires » selon les autres – avaient été jetés aux oubliettes de l’histoire. Ce livre entend les réhabiliter et leur redonner leur juste place dans une histoire du socialisme jalonnée de grandes batailles durant lesquelles ils se sont illustrés : de la Révolution française aux récentes résistances à la tyrannie technologique, en passant par les journées de juillet 1830, la révolution de 1848 et même les combattives années 1970, les briseurs de machines ont, depuis les débuts de la société industrielle, toujours existé. Cette histoire méconnue du luddisme à la française nous révèle des mouvements souvent peu organisés et parfois spontanés, mais farouches défenseurs de l’égalité sociale et de la liberté quotidienne. Contrairement aux idées reçues, on arrête parfois le progrès…
IZOARD, Celia, 2019. A Imider, au Maroc, la plus grande mine d’argent d’Afrique assoiffe les habitants. Mediapart [en ligne]. 16 août 2019. [Consulté le 25 mars 2021]. Disponible à l’adresse : https://www.mediapart.fr/journal/international/160819/imider-au-maroc-la-plus-grande-mine-d-argent-d-afrique-assoiffe-les-habitants
NOBLE, David F., 2016. Le progrès sans le peuple : ce que les nouvelles technologies font au travail. Marseille : Agone. ISBN 978-2-7489-0270-9.
331 NOB – Réserver le document à la BIBLINSA
« Avant toute chose, les nouvelles technologies ont servi aux patrons à licencier leurs employés, à réduire leurs coûts de main-d’œuvre, à délocaliser. De l’usine à l’exploitation agricole, de la raffinerie aux bureaux, aucune profession n’a échappé à l’offensive. Pourtant, toujours pas de révolte, d’exigence de protection, de résistance. Quel contraste avec la première révolution industrielle, qui a terrassé un nombre incalculable de personnes mais suscita une résistance farouche et finit par déboucher sur le mouvement ouvrier et son corollaire, la législation sociale progressiste. Aujourd’hui, ces acquis ne cessent de s’éroder à mesure que les syndicats s’affaiblissent et que les programmes sociaux destinés à nous protéger des violences du marché sont démantelés. Pourquoi une telle passivité ? Pourquoi une telle déférence pour le marché, une telle révérence pour la technologie ? Ce qui nous paralyse, ce sont notamment les concepts dont nous avons hérité, comme celui d’un progrès technologique nécessaire et bénéfique ; et l’idée que la compétitivité, fondée sur ces technologies, serait la voie la plus sûre vers la prospérité et le bien-être. »
OBLOMOFF, 2009. Un futur sans avenir : pourquoi il ne faut pas sauver la recherche scientifique. Montreuil : l’Échappée. ISBN 978-2-915830-28-6.
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« Nous appelons à établir les liens encore possibles entre toutes les personnes qui, issues ou non du milieu scientifique, entendent résister en acte à l’avancée de la technoscience. La question n’est pas de rapprocher la science du citoyen, mais de casser la logique de l’expertise, de dénoncer le mensonge de la neutralité de la recherche et d’empêcher la science contemporaine de contribuer, au jour le jour, à détruire la politique en la transformant en une affaire technique. »
THE GAÏA FOUNDATION, 2013. Short Circuit : The Life Cycle of our Electronic Gadgets and the True Cost to Earth [en ligne]. [Consulté le 25 mars 2021]. Disponible à l’adresse : http://www.gaiafoundation.org/launch-of-the-short-circuit-report/
A new report, launched today in Westminster by The Gaia Foundation and allies, exposes the social and ecological atrocities and the toxic legacy of gadgets such as smartphones and laptops. From environmental destruction and contamination caused by extraction, exploitative working conditions during production, to the mountains of e-waste being shipped abroad, the report follows the birth, life and death of everyday gadgets and reveals their true cost to the planet and to future generations.
THE SHIFT PROJECT, 2018. « Pour une sobriété numérique » : le nouveau rapport du Shift sur l’impact environnemental du numérique [en ligne]. [Consulté le 25 mars 2021]. Disponible à l’adresse : https://theshiftproject.org/article/pour-une-sobriete-numerique-rapport-shift/
L’impact environnemental direct du numérique explose avec la transition numérique actuelle. Que faire ? The Shift Project publie un nouveau rapport. Il qui propose un principe de « Sobriété numérique » pour réduire l’impact tout en maximisant les effets nets des leviers numériques en matière de transition énergétique.
THE SHIFT PROJECT, 2019. « Climat : l’insoutenable usage de la vidéo. Un cas pratique pour la sobriété numérique. » [en ligne]. [Consulté le 25 mars 2021]. Disponible à l’adresse : https://theshiftproject.org/article/climat-insoutenable-usage-video/
Mettre en oeuvre la sobriété numérique nécessite d’interroger la pertinence de nos usages du numérique. C’est ce que fait The Shift Project pour l’usage de la vidéo dans ce nouveau rapport « Climat : l’insoutenable usage de la vidéo en ligne ».
YANG, CHAN, Jenny et LIZHI, Xu, 2015. La machine est ton seigneur et ton maître. Marseille : Agone. ISBN 978-2-7489-0238-9.
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Les machines ressemblent à d’étranges créatures qui aspirent les matières premières, les digèrent et les recrachent sous forme de produit fini. Le processus de production automatisé simplifie les tâches des ouvriers qui n’assurent plus aucune fonction importante dans la production. Ils sont plutôt au service des machines. Nous avons perdu la valeur que nous devrions avoir en tant qu’êtres humains, et nous sommes devenus une prolongation des machines, leur appendice, leur serviteur. J’ai souvent pensé que la machine était mon seigneur et maître et que je devais lui peigner les cheveux, tel un esclave. Il fallait que je passe le peigne ni trop vite ni trop lentement. Je devais peigner soigneusement et méthodiquement, afin de ne casser aucun cheveu, et le peigne ne devait pas tomber. Si je ne faisais pas bien, j’étais élagué. Foxconn est le plus grand fabricant du monde dans le domaine de l’électronique. Ses villes-usines, qui font travailler plus d’un million de Chinois, produisent iPhone, Kindle et autres PlayStation pour Apple, Sony, Google, Microsoft, Amazon, etc. En 2010, elles ont été le théâtre d’une série de suicides d’ouvriers qui ont rendu publiques des conditions d’exploitation fondées sur une organisation militarisée de la production, une taylorisation extrême, l’absence totale de protection sociale et une surveillance despotique jusque dans les dortoirs où vivent les ouvriers. Ce livre propose quelques éléments d’analyse du système Foxconn à partir du portrait que fait la sociologue Jenny Chan d’une ouvrière qui a survécu à sa tentative de suicide en 2010. Complété par le témoignage de Yang, un étudiant et ouvrier de fabrication à Chongqing, il retrace également le parcours de Xu Lizhi, jeune travailleur migrant chinois à Shenzen, qui s’est suicidé en 2014 après avoir laissé des poèmes sur le travail à la chaîne, dans « L’atelier, là où ma jeunesse est restée en plan ».
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